Le Québec n’obtient pas sa juste part de financement pour le développement des marchés des produits du bois, selon Sylvie Bérubé, députée d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou et Sébastien Lemire, député d’Abitibi-Témiscamingue. Alors que la majorité des activités forestières se déroulent au Québec, la stratégie canadienne tend plutôt à privilégier les provinces de l’Ouest.
Effectivement, le Québec se démarque puisqu’on y retrouve 31% des emplois liés à l’industrie forestière au Canada, dont 6 % de tous les emplois du secteur forestier québécois sont en Abitibi-Témiscamingue. Pourtant, pour l’année en cours, on constate que près de 80 % des sommes du Programme de contribution de développement des marchés pour les produits du bois sont allés à des organismes situés en Colombie-Britannique.
Selon Sylvie Bérubé, députée bloquiste, cette situation s’explique par le fait que le programme est mal adapté à la stratégie québécoise en matière d’exportation des produits du bois. « Le Québec peut et fait autrement en se réinventant pour viser une transition plus claire en quête de nouveaux produits, de nouveaux marchés. L’indice de l’économie verte est en explosion mondiale en matière recyclable et c’est une question d’équité pour la valeur future du marché au Québec contre l’engouement fédéral pour l’industrie en Colombie-Britannique ».
Au fil des années, le Québec a été obligé de revoir sa stratégie d’aménagement, d’exploitation et d’exportation en raison du conflit du bois d’œuvre avec les États-Unis, mettant en lumière deux défis importants, soit le développement de nouveaux marchés et de nouveaux produits. Puisque le Québec, à l’instar de la Colombie-Britannique, ne peut se tourner vers les marchés asiatiques, il doit continuer de miser sur la valeur ajoutée de la ressource et le Programme de développement des marchés n’offre pas les mêmes incitatifs en se concentrant essentiellement sur les produits du bois d’œuvre alors qu’il demeure essentiel de diversifier nos marchés pour sécuriser l’industrie. « Il faut absolument miser sur la deuxième et troisième transformation en région, là où l’on retrouve la ressource et où nous devons assurer d’une occupation dynamique du territoire. De plus, je tiens à réitérer l’importance d’être en lien avec nos institutions régionales et nos centres de recherches qui sont passés maîtres dans la compréhension de la filière et le développement de produits à valeur ajoutée », a conclu Sébastien Lemire en rappelant que les produits à valeur ajoutée offrent des retombées quatre fois plus intéressantes que le bois d’œuvre.
À propos du Programme de développement des marchés
Le programme vise à développer les marchés internationaux pour les produits forestiers canadiens et à promouvoir une augmentation de l’utilisation du bois dans la construction. À cet effet, le budget fédéral de 2019 prévoyait une enveloppe de 64 M$ sur trois ans pour sa mise en œuvre.